Communiqué à l’occasion de la Journée internationale des victimes de disparition forcée

Communiqué à l’occasion de la Journée internationale des victimes de disparition forcée
Famille du disparu
Omar EL OUASSOULI
Casablanca 29 Août 2022

Communiqué à l’occasion de la Journée internationale des victimes de disparition forcée: 30 Août

Pour la mise en place d’un mécanisme national indépendant de vérité

Chaque année, le 30 Août, l’humanité toute entière célèbre la Journée internationale des victimes de disparition forcée. Cette journée est l’occasion de sensibiliser l’opinion mondiale sur la question des victimes de disparition forcée
A cette occasion nous rappelons qu’au Maroc le dossier des violations graves et notamment la question épineuse du sort des disparus n’a pas trouvé le chemin d’un règlement juste et équitable : les disparus sont toujours disparus et les dépouilles des présumés décédés sont toujours séquestrée par le pouvoir. L’impunité pour les criminels demeure la règle absolue.

Alors que les serviteurs du pouvoir ne ménagent aucun effort pour édulcorer la situation des droits humains au Maroc auprès des instances internationales, nous ne pouvons que constater les velléités du pouvoir à recourir aux vieilles méthodes qui ont prévalues durant les années dites de plomb : répressions, emprisonnements et impunités pour les criminels de tous genres.
Comme pour décréter la clôture du dossier des violations graves et notamment la question épineuse du sort des disparus, le CCDH et les autres instances serviteurs du pouvoir politique Marocain annonce que le sort de tous les disparus a été élucidé mis à part deux cas.

En cette journée internationale, notre famille tient à rappeler que notre frère Omar EL OUASSOULI est toujours porté disparus et que son sort n’est toujours pas élucidé. En effet depuis le rapport de l’IER publié en 2006, aucune avancé n’a été réalisée comme si les autorités considèrent que le dossier a été définitivement clos.

Rappelons également que le Makhzen a utilisé avec certaines familles et notamment la nôtre l’un des procédés les plus ignobles à savoir la falsification des données en passant par l’intimidation et enfin l’usage de la guerre psychologique. Notre famille n’a cessé de dénoncer ces procédés en apportant certains éléments de preuve.

Rappelons aussi que le rapport qui vient d’être présenté par le Maroc au Comité des disparitions forcées cette année, attendu depuis 2015, se situe dans la droite ligne de l’affirmation constante auprès des instances internationales que le dossier des violations graves des droits humains dont les disparations forcées est définitivement réglé.

Malheureusement la réalité factuelle montre non seulement qu’il en est rien, mais qu’au contraire le Maroc connaît actuellement une régression globale en matières des droits humains (journalistes condamnés, activistes sur les réseaux sociaux poursuivis et condamnés, restriction drastiques de la liberté de manifester, restriction des libertés d’associations, privations de certains partis politiques de mener leurs activités sans entraves, comme le fait de priver Annahj Addimocrati Aloumali de bénéficier des salles publiques…).

Concernant le dossier des violations graves des droits humains, le rapport ne fait que confirmer la volonté Makhzienne d’escamoter la vérité sur le sort des victimes de la disparition forcée et dont le sort est toujours inconnu.
Notre frère Omar EL OUASSOULI est cratérisé comme le cas d’une personne n’est pas lié à une disparition. A cette occasion nous tenons à rappeler sommairement l’opinion national et international de quelques faits :

  • Le 6 janvier 2006, notre famille va prendre connaissance de la conclusion officielle de l’IER via le rapport qui a été mis en ligne. Dès lors et immédiatement, notre famille a réagi aux conclusions de l’IER comme suit « Effectivement et en l’absence d’éléments tangibles, la famille ne peut que rejeter et en bloc les conclusions de l’IER concernant Omar ». Les éléments censés étayer cette conclusion et présentés dans le rapport final sont de deux catégories :
  • les éléments fournis par les autorités marocaines qui font état de deux arrestations suivies de libérations dont la dernière aurait eu lieu en juin 1988. Ce que nous pouvons retenir de ces éléments est l’aveu que se sont bien les autorités marocaines qui l’ont vu pour la dernière fois puisque aucun élément probant n’est venu démontrer le contraire. Il a été aussi relaté un certain nombre de déplacements (Espagne, Tunisie et Algérie). Nous ne savons pas si l’IER a procédé aux vérifications nécessaires auprès de ces pays pour étayer et corroborer les déclarations des autorités marocaines.
  • La deuxième catégorie des éléments présentés est relative aux témoignages. D’abord présentés d’une manière erronée, pour ne pas dire falsifiée puisque le témoin qui a affirmé avoir vu OMAR en Libye a déclaré à l’IER que c’était en 1987 et non dans le milieu des années 90 comme il a été affirmé dans le rapport. Ce témoin nous a donné une attestation écrite et signée de sa main.
    Depuis, nous n’avons cessé de demander aux autorités Marocaines de procéder à des investigations sérieuses comme et notamment en direction des autorités Espagnoles et les archives dont elles disposent, qui peuvent indiquer les noms des agents de la sûreté de TETOUAN qui ont réceptionné Omar EL OUASSOULI. Comme ils peuvent donner des indications sur le dernier domicile connu à Valence pour essayer de trouver d’éventuels témoins qui pourraient dire quelques choses sur ses activités. Nous avons également demandé au CNDH d’accéder aux documents dont ils disposent mais ces multiples demandes ont été ignorées.
    Par ailleurs, le GTDF a relayé nos demandes et observations au gouvernement Marocain. Mais ce dernier a toujours opposé une fin de non-recevoir comme il le réitère dans ce rapport.
    Notre famille considère que l’affirmation contenu dans ce rapport n’est basée que sur assemblage partiel et tendancieux d’éléments déjà connus et contestés.
    Comment peut-on interpréter le fait que depuis le 2 juin 1988 où il était vivant dans les mains de la sûreté nationale à Tétouan, Omar n’a été depuis ni vu, ni rencontré par personne ?
    Aussi, notre famille considère que les autorités marocaines demeurent responsables et comptables du sort d’Omar EL OUASSOULI depuis qu’elles l’ont réceptionnés des mains des autorités espagnoles. Il est également de la responsabilité de l’état Marocaine à entamer des investigations sérieuses afin d’élucider son sort. Comme, il est de notre droit d’accéder à toutes les informations le concernant et en possession des autorités afin d’exercer notre droit au contradictoire. Notre famille ne peut se contenter d’affirmations, nous exigeons des preuves tangibles et incontestables.

Fait à Casablanca le 29 Août 2022
Comité de coordination des familles des disparus et des victimes de la disparition forcée au Maroc