Communiqué de la famille du Disparu Marocain Omar EL OUASSOULI

Communiqué de la famille du Disparu Marocain Omar EL OUASSOULI

Famille du Disparu Marocain Omar EL OUASSOULI
Casablanca le 24 mars 2024

Communiqué à l’occasion la journée internationale de la vérité 24 mars, qui coïncide avec le 58ème anniversaire du soulèvement du 23 mars 1965


La vérité sur le sort des Disparus Séquestrée par le Makhzen et ses serviteurs

Le 21 décembre 2010, l’Assemblée générale de l’ONU a proclamé le 24 mars Journée internationale pour le droit à la vérité en ce qui concerne les violations flagrantes des droits de l’homme et pour la dignité des victimes.
Notre famille comme toutes les autres familles des disparus célèbre cette journée avec détermination à poursuivre le combat pour la vérité et la justice et jusqu’à ce que la divulgation du sort de tous les disparus.

Le 23 mars 1965, le Maroc a connu une répression féroce des manifestations pacifiques des élèves qui réclamaient l’abrogation d’une loi qui va à l’encontre de la démocratisation de l’enseignement. Les forces de l’ordre ont déployé différents moyens de répression pour faire taire ce mouvement. Des massacres ont été commis, des centaines de personnes tuées et de nombreux disparus (corps des blessés enlevés à leurs familles), des procès fallacieux ont été organisés et des lourdes peines de prison prononcées à l’encontre des manifestants (dont des enfants mineurs).
A cette occasion, notre famille tient à renouvelée sa plus forte indignation face à la négation de l’état marocain du droit le plus élémentaire des familles des disparus à savoir la vérité sur le sort des leurs. Rappelons que tout au long de processus du soit disant le règlement du dossier des violations graves des droits humain, le pouvoir a toujours voulu réduire les questions de la vérité et de la justice à la simple question d’indemnisation. Il a également érigé l’impunité accordé aux criminels comme principe absolue. Quant à l’élucidation du sort des disparus, le pouvoir a escamoté le principe de la vérité en la réduisant à une simple annonce de décès sans qu’il puisse fournir aucun élément de preuve. Les familles n’ont cessé de demander l’exhumation des corps pour effectuer des analyses anthropologiques et des prélèvements pour analyse ADN.
Rappelons que nous n’avons cessé de demander notre droit à l’accès aux informations collectés et au dossier constitués par le CCDH et l’IER et actuellement en possession du CNDH; cette institution qui n’a jamais ménagé ses efforts pour escamoter la vérité alors qu’elle est censée la défendre.

Constatant l’absence de volonté politique chez les plus hautes autorités de l’état pour divulguer le sort des disparus et constatant en toute logique l’inertie et le rôle négative du CNDH et tous les autres relais du pouvoir, nous sommes dans l’obligation de considérer qu’en l’espèce la Justice transitionnelle n’a été qu’un slogan ne pouvant répondre à la problématique de la disparition forcée au Maroc.
Aussi, notre famille considère que la constitution d’une commission d’enquête pourvue de vrais pouvoirs juridiques et réglementaires d’investigations et d’instructions s’impose.
Notre famille considère que l’expérience des peuples montre la voie : la mémoire ne peut s’éteindre, parce que nous avons besoin de lire la page, toute la page et la mémoriser à jamais. Une page qu’on ne retourne pas parce qu’elle nous habite et nous consolide. Nous avons besoin de vérité, nous avons besoin de justice. Notre pays a besoin de vérité, notre pays a besoin de justice, notre pays a besoin de ses enfants sincères et désintéressés et il n’a aucunement besoin des criminels.
Notre famille demande encore une fois et d’une manière urgente :

  • La vérité toue la vérité et rien que la vérité sur les disparus et sur les violations graves des droits humains perpétrés par le régime marocain,
  • La divulgation du sort des disparus de tous les disparus et la libération des vivants d’entre eux,
  • L’accès aux dossiers constitués par l’ex-IER et sans restriction afin d’exercer notre droit au contradictoire,
  • L’identification par ADN et la restitution des dépouilles aux familles,
  • La préservation des lieux de mémoire,
  • La libération immédiate de tous les détenus politiques,
  • Mettre fin à l’impunité.

Tout en affirmant notre détermination à continuer ce combat (qui nous est imposé), nous lançons un nouvel appel aux plus hautes autorités de l’état à sortir de cette logique qui heurte les consciences des familles et qui les plonges dans une interminable attente et pour des générations. Un état qui se respecte doit faire face et assumer avec courage les actes les moins glorieux de son histoire. Quel acte plus noble que celui de permettre vérité et justice ? Rien que la vérité, Rien que la justice.

La Famille du Disparu Marocain Omar El Ouassouli