Les falsifications de l’histoire
Le 8 mai 1945, le haut commandement militaire allemand signe à Berlin la capitulation sans condition de l’Allemagne nazie, en présence des représentants militaires de l’URSS, des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France.
Depuis, cette date est devenue le symbole de la victoire des peuples contre le fascisme. Un symbole que les dirigeants du système capitaliste en crise tentent d’effacer et/ou de déformer.
La négation du rôle militaire de l’URSS
Au début du mois de mai, les Américains qui ont débarqué presque un an auparavant en Normandie, ont progressé de quelques centaines de kilomètres en direction de l’Allemagne. Les troupes soviétiques, parties depuis le territoire russe, ont parcouru des milliers de kilomètres, libéré au passage les pays baltes, la Biélorussie, la Pologne. Présenter uniquement les avancées militaires et les exploits des troupes américaines, organiser de grandes fêtes pour célébrer le débarquement des Anglo-américains, les présenter comme nos libérateurs et passer sous silence l’apport décisif de l’Armée rouge dans la victoire militaire, c’est falsifier l’histoire. Il ne s’agit pas de nier le courage des soldats occidentaux américains, britanniques et français, ni même de mettre en doute la volonté des dirigeants de ces pays d’abattre le nazisme. Mais agir comme vient de le faire la secrétaire d’Etat aux armées, Geneviève Darrieussecq, dans un tweet pour commémorer la fin de la guerre en Europe, dans lequel elle salue les alliés anglosaxons (Américains, Britanniques, Canadiens, Australiens) pour leurs sacrifices immenses en oubliant l’URSS, c’est une insulte aux 20 millions de Soviétiques, civils et militaires, morts pour la paix et la liberté. Suite à de nombreuses protestations, la secrétaire d’Etat a dû retirer son tweet. Ces contre-vérités historiques ont d’autant plus d’impact que les dirigeants russes actuels ont effacé le nom de Stalingrad, cette lumière qui a jailli durant l’hiver 1942-43, et fait renaître l’espoir au cœur des peuples opprimés et a nourri l’esprit de résistance. La négation du rôle des communistes dans la victoire
Ces dernières années une formidable offensive idéologique contre l’URSS et les communistes s’est développée à la mesure de la crise qui ébranle les fondements du système capitaliste. Cette offensive se mène à tous les niveaux. Récemment, le secrétaire d’Etat américain (l’équivalent du ministre des affaires étrangères en France), Mike Pompeo, a insinué qu’en 1945, l’Europe n’avait pas été réellement libérée, puisque l’URSS existait et que le communisme s’était répandu en Europe de l’Est. A un autre bout de l’échelle, les manuels scolaires actuels traitent dans le même chapitre intitulé « les totalitarismes », les fascismes et le communisme et mettent le signe égal entre les deux. Un certain nombre d’historiens au service de la classe dominante nient le rôle des Résistants (en majorité des communistes) dans la victoire contre le fascisme. La télévision reprend ces thèmes que ce soit sur les chaînes privées ou celles du service public. Dans un documentaire récent, le traître Doriot (ancien responsable des Jeunesses communistes), fondateur du PPF (parti populaire français) était présenté comme le seul vrai fasciste français avec Marcel Déat (issu de la SFIO). Les commentateurs ont alors relayé les thèses de nombreux historiens qui prétendent qu’il n’y a pas eu de fascisme français comme il y a eu le nazisme en Allemagne, le franquisme en Espagne… et que les seuls fascistes sont issus des partis de gauche et en particulier du Parti communiste. Tout cela vise à brouiller les cartes, à gommer le caractère de classe du fascisme, à exonérer la bourgeoisie de sa responsabilité dans la montée du fascisme, dans sa prise du pouvoir.
Pourquoi cette falsification ?
Aujourd’hui, la pandémie du coronavirus a exacerbé toutes les contradictions du système capitaliste impérialiste. En France, soi-disant « ni à gauche, ni à droite », Macron développe une offensive idéologique autour du thème de l’unité nationale et se rêve en de Gaulle comme d’ailleurs la plupart des dirigeants politiques, y compris Marine Le Pen. Pour ces représentants de la bourgeoisie, le Général a trouvé le moyen « le jour d’après la guerre » de réintégrer la grande bourgeoisie collaboratrice dans le jeu démocratique. « Le jour d’après » est une question qui préoccupe la bourgeoisie et suscite de l’intérêt dans les masses populaires. Pour le président et ceux qui l’ont mis au pouvoir, le problème est simple : hors du capitalisme point de salut. Or, dans l’histoire récente, un autre système a existé qui a fait la preuve pendant un demi-siècle de son efficacité en ce qui concerne la lutte contre les inégalités, contre le racisme et pour l’égalité homme femme et qui a remporté des succès économiques gigantesques et rapides en transformant un pays arriéré et rural en une grande puissance économique. Dans la Russie de 1917, « le jour d’après », il y a eu rupture avec le système capitaliste et le système socialiste s’est imposé. Parce qu’elle a commencé à « sentir le vent du boulet », parce qu’elle a peur, la bourgeoisie redouble son offensive idéologique contre la Révolution bolchevique, contre les réussites économiques, sociales et culturelles du nouveau régime et contre ses succès militaires et politiques dans la guerre contre le fascisme hitlérien. C’est ce système, en rupture avec le système capitaliste, que notre parti défend avec l’ensemble des partis marxistes-léninistes, pour un avenir débarrassé de la faim, de la misère et de la guerre.
La forge n° 618 juin 2020