Message conjoint des Forums sociaux mondiaux à l’occasion des commémorations du 1er mai 2021
Message conjoint des Forums sociaux mondiaux thématiques sur la migration, les économies transformatrices, la PanAmazonie et la santé et la sécurité sociale à l’occasion des commémorations du 1er mai 2021
À cette occasion, alors que nous commémorons le 1er mai 2021 dans le monde, au milieu d’une pandémie féroce et avec la crise accumulée d’un néolibéralisme qui détruit les peuples et la nature, nous réitérons nos luttes communes pour le travail décent et la construction de la solidarité qui soutient une transition écologique radicale et réintègre la vie sociale à travers un large système de potentiel social, combinant ainsi la répartition des richesses produites et la redistribution des richesses accumulées. Le parapluie qui soutient une telle aspiration est placé depuis le droit à un développement capable de produire la justice sociale et environnementale, réalisé par une démocratie de haute intensité émancipatrice et une paix qui cherche le désarmement et la démilitarisation de nos sociétés, éliminant la criminalisation du peuple et les mouvements de protestation et l’utilisation coercitive de l’appareil judiciaire.
Nous recherchons, auprès des Forums Sociaux Mondiaux Thématiques représentés ici, un jumelage solidaire de nos luttes et initiatives avec les différentes expressions organiques du monde du travail et le respect des droits des femmes, des populations autochtones et afro-descendantes, des différentes identités sexuelles, des personnes âgées, les enfants et les jeunes qui, de par leur identité de classe sociale et l’expression de leurs différents besoins, souffrent de discrimination et d’exploitation.
Le droit au travail décent comme condition d’exercice de toute profession ou occupation non criminelle, doit avoir la garantie découlant des obligations de l’État d’assurer sa protection et des conditions adéquates pour qu’il soit exercé en tant que bien-vivre, pour lequel la garantie est essentielle du plein droit à tous les droits de l’homme et de la nature de manière systématique, matérialisant ainsi la plénitude de la dignité humaine et la préservation de la planète.
Nous cherchons avec ces principes à exprimer nos intentions d’articuler un ensemble de processus d’émancipation dans les aspects sociaux, économiques, politiques, environnementaux et culturels et de là à ratifier notre engagement afin qu’à court terme nous établissions des mécanismes pour articuler nos visions avec les organisations syndicales, stratégies et actions aux niveaux régional et mondial, construisant les nouveaux paramètres pour une hégémonie alternative à la prédominance du capital sur le travail et atteignant ainsi d’autres mondes possibles.
Il convient de noter que le travail décent, le développement avec la justice économique et sociale sont vécus dans les mouvements de la Pan Amazonie, reliant 9 de nos pays, comme un engagement à la protection et au respect des cultures, des communautés et de la nature. Nos souhaits deviennent réels et transformateurs, rendant visibles les territoires et les chemins de la vie, la culture et l’identité, ainsi que les propres gouvernements et l’autonomie.
La pandémie COVID19 est le résultat des déséquilibres écologiques dont souffre la Terre, et dans ses conséquences et ses limites pour y faire face, elle exprime les déséquilibres sociaux et économiques dont souffrent nos pays amazoniens.
Il est donc de toute urgence de lancer la Transition Socio-Économique et Écologique qui surmonte le modèle extractif et néocolonial pour parvenir à la construction d’horizons de vie, d’égalité, de droits et d’une plus grande intégration entre l’Homme et la Nature. Dans cet horizon, nous voyons se refléter le travail décent, la justice environnementale, économique et sociale qui se vit et se concrétise dans les aspects alimentaires, sanitaires, éducatifs, productifs, énergétiques et environnementaux.
Un autre monde possible: un cri qui nous émeut, nous appelle et nous encourage à défendre la vie, à promouvoir la solidarité, la paix et à penser à l’avenir de la planète comme une maison commune. Un autre pacte possible pour faire face aux inégalités structurelles, aux discriminations multiples, aux préjugés et à la xénophobie.
La pandémie Covid-19 a aggravé les inégalités sociales structurelles en reléguant les populations les plus pauvres et les plus vulnérables aux types de risques, dangers et menaces les plus différents. Dans diverses régions du monde, la population mobile, qu’elle soit migrante ou réfugiée, est sans aucun doute l’un des groupes les plus gravement touchés par la crise.
Des milliers de migrants vivent dans des conditions de logement précaires dans les grandes villes: ce sont des résidents de maisons de métiers, d’ateliers de couture ou dans des centres d’accueil, en plus de ceux qui sont dans la rue. Ils font souvent l’objet de discriminations sociales et raciales et leurs droits ne sont pas respectés dans les espaces publics, aggravant leur condition de fragilité sociale. Ils sont soumis, de différentes manières, à des espaces et des circonstances qui renforcent leur exposition à diverses pathologies, en plus d’autres griefs.
Dans le cadre de mesures de distanciation sociale et de santé en raison de la pandémie du virus Covid-19, plusieurs pays dans le monde ont mis en œuvre des mesures pour contrôler et restreindre la mobilité humaine. Depuis mars 2020, ces politiques restrictives et d’exclusion ont généré des violations systémiques. La population migrante et les réfugiés souffrent du manque de garanties de protection, de la criminalisation de la solidarité, des nécropolitiques et de la violation des droits migratoires prévus dans les accords internationaux. Nous exigeons la ratification et l’application des conventions 97 et 143 de l’OIT et Convention 90 des Nations Unies et lancement d’une campagne de sensibilisation du public.
Il est nécessaire de construire un récit commun et documenté à l’intersection de la justice de l’immigration, de la justice sociale et de la justice environnementale, avec une diversité de mouvements sociaux et où les mouvements syndicaux occupent une place prépondérante dans la lutte contre la xénophobie et en faveur du caractère international et internationaliste des travailleurs.
Il convient de souligner le rôle fondamental des mouvements syndicaux dans la lutte pour des systèmes universels de protection sociale, où il n’y a pas de différence entre le travail informel et formel aux fins du droit à la protection sociale, que ce soit sous la forme de pensions, d’assistance sociale. , la santé ou autre. Un autre droit consiste à promouvoir des services publics universels suffisants, en nombre et en qualité, en tant qu’expression d’une économie de protection sociale globale et égalitaire, par la justice fiscale, en redistribuant la richesse produite indépendante des systèmes de protection du capital financier et capable de soutenir le projet de dignité d’existence et d’interdiction de la pauvreté comme expression honteuse de la concentration des richesses et de l’impuissance des grandes masses ouvrières. Il est temps de briser l’absence programmée et la planification de la misère au profit d’un projet radicalement émancipateur.
Vive le 1er mai et les luttes historiques des travailleurs!
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