Des élections sans aucun enjeu de changement dans l’intérêt du peuple marocain

Des élections sans aucun enjeu de changement dans l’intérêt du peuple marocain

LA VOIE DEMOCRATIQUE

Secrétariat National

Communiqué

Des élections sans aucun enjeu de changement dans l’intérêt du peuple marocain

Le boycott, une expression de l’aspiration populaire à un changement radical

Le peuple marocain boycotte, d’une manière ou d’une autre, et de façon spontanée et massive, (près de 80% des citoyennes et citoyens en âge de voter) les échéances électorales, notamment le scrutin législatif.Ce boycott participe de la conviction acquise depuis 1962 que les élections et les institutions qui en sont issues sont incapables d’apporter les changements auxquels il aspire. Cette conviction est confortée par l’incapacité des institutions qui ne jouent aucun rôle dans les choix et les décisions politiques, économiques, sociales et culturelles décisives.

Il s’agit d’institutions conçues pour  légitimer le pouvoir absolu exercé par le roi et le despotisme du makhzen,  la mise en œuvre des politiques socio-économiques qui portent atteinte au droit du peuple à  une vie digne et servent les intérêts de la du bloc  de classe  dominant composée de la bourgeoisie dépendante, des grands propriétaires terriens, et de l’impérialisme  ainsi que des institutions devenues le  repère des corrompus et des corrupteurs. En effet, la constitution adoptée en 2011 donne au roi le droit de contrôler tous les organes de l’état: il préside le conseil des ministres qui décide des  choix et politiques cruciales avant qu’elles ne soient soumises à la chambre des représentants et la chambre des conseillers. Le roi est également le commandant suprême de l’armée. Il est président du conseil des ouléma qui examine les questions qui lui sont soumises, le conseil supérieur de sécurité et le conseil supérieur de la magistrature. C’est également le roi qui nomme les hauts responsables militaires et sécuritaires ainsi que les «ministres de souveraineté» (intérieur, affaires étrangères, affaires islamiques et le secrétaire général du gouvernement), mais aussi les ambassadeurs, les walis, les gouverneurs,  les directeurs des établissements publics stratégiques (Bank Al-Maghrib, la Caisse de Dépôt et de Gestion, la Caisse Nationale de Sécurité Sociale, l’Office Chérifien des Phosphates…) .

Le roi met également en place des conseils spécialisés (le conseil national des droits humains, le conseil économique, social et environnemental, le conseil supérieur de l’enseignement …), ainsi que des  commissions ad-hoc, telles que la commission de révision de la constitution et la dernière en date qui est celle du nouveau modèle de développement qui a défini les orientations et les choix politiques, économiques, sociaux et culturels du pays d’ici à l’année 2035.  Malgré tous les pouvoirs dont il bénéficie, le roi n’est soumis à aucune obligation de reddition de comptes, contrairement aux chefs d’état élus. Par conséquent, le parlement qui incarne, selon les termes de la constitution, le pouvoir législatif, n’assume aucune mission législative. Il s’agit, en fait, d’une simple chambre d’enregistrement des lois qui régissent les choix et les politiques décisives pour le peuple, et, tout au mieux, d’un organe pour apporter des amendements  mineurs qui ne touchent pas à l’essence de ces choix et politiques. Le roi a le pouvoir de demander au parlement d’entreprendre une deuxième lecture de tout projet de loi qui ne lui convient pas et de dissoudre le parlement ou l’une de ses chambres. De même, le secrétariat général du gouvernement peut bloquer toute loi qui ne sied pas au palais.

De plus, le gouvernement, en tant qu’appareil exécutif, n’est essentiellement qu’un gouvernement de gestion des affaires courantes qui exécute des programmes, des choix et des politiques préétablis. Il est soumis au pouvoir des conseillers du roi qui sont, en fait, le véritable gouvernement. Dans les faits, ce sont eux qui élaborent et veillent à l’application des choix et décisions importantes. De même, l’application des décisions gouvernementales est liée à des instruments sur lesquels le gouvernement n’a aucun contrôle : les ministères de l’intérieur, des affaires étrangères, de l’économie et des finances et les établissements publics, qui constituent les principaux instruments d’exécution des lois et décisions sont soumis à l’autorité du palais. Le roi bénéficie également de la prérogative de démettre de leurs fonctions un ou plusieurs membres du gouvernement.

Concernant les élections, elles sont régies par un découpage électoral savamment élaboré, inéquitable et non-démocratique et par des listes électorales qui se prêtent aux manœuvres de falsification. Le processus est supervisé par le ministère de l’intérieur qui a une longue histoire de falsification et de protection des partis réactionnaires  et est passé maître dans l’art d’ériger les obstacles et d’asphyxier les forces opposantes pour encourager la constitution de partis politiques ne remplissant pas les conditions de véritables partis.

La majorité des partis  mènent des campagnes électorales ternies en faisant usage d’argent, de promesses mensongères, de clientélisme et de pressions diverses. Ils présentent des candidats dont la plupart  est malhonnête et corrompue, et son seul objectif est de remporter un siège à la chambre des représentants pour servir ses propres intérêts et les intérêts de ceux qui ont financé leur campagne. En outre, les partis qui jouissent de la bénédiction de l’administration bénéficient  de plusieurs moyens de soutien matériel et médiatique.

Les mêmes pratiques corrompues ont cours dans les élections communales qui sont régies par des lois iniques et sont encadrées par le ministère de l’intérieur qui contrôle les institutions qui en sont issues et qui sont, en général, des foyers de corruption et de dilapidation des deniers publics.

Sur la base ce qui précède, le parti de la Voie Démocratique boycotte les élections prévues le 8 septembre et estime que l’alternative consiste en ce qui suit :

⦁       Premièrement, œuvrer, sans relâche, pour que le boycott spontané se développe en boycott conscient de la nature du régime existant et de son incapacité à mener des réformes en faveur du peuple en raison des élections manipulées et du fait que les institutions élues et le gouvernement n’ont aucun pouvoir pour prendre des décisions et imposer des choix et des politiques décisives pour les générations présentes et futures.

⦁       Deuxièmement, nous considérons que le changement doit être le fait du peuple et non pas le fait d’une élite ou d’un dirigeant et que la voie du changement passe par les différentes formes de lutte populaire pour imposer le changement. Lequel changement doit provenir  essentiellement d’en dehors de ces institutions, ce qui nécessite l’organisation et l’unification des rangs du peuple et l’intensification, la diversification et l’unification de ses luttes. Il s’agit également, comme premier pas, de garantir toutes les formes de soutien pour toute action de lutte qui sera menée par n’importe quelle catégorie pour la réalisation de ses revendications légitimes. Dans ce contexte, le mouvement du 20 février, les mouvements populaires et toutes les autres luttes qui ont suivi ont donné la preuve de l’existence d’une forte disponibilité militante au sein du peuple marocain et ont reflété les aspirations populaires à l’émancipation du régime makhzénien. Ceci a constitué la première étape d’un processus révolutionnaire qui a placé le changement au cœur de l’agenda des forces militantes. La classe ouvrière et l’ensemble des prolétaires occupent une place prépondérante dans cette lutte, sachant que la classe ouvrière est à l’opposé de la bourgeoisie et est capable d’arrêter la roue de l’économie et sachant que les petits agriculteurs démunis sont à l’opposé des grands propriétaires terriens et que les  les masses laborieuses urbaines non- ouvrières souffrent de l’assujettissement et du  de la rapacité  de la bourgeoisie et  du makhzen. Par conséquent, tous les militants et militantes marxistes sont appelés à  œuvrer sans relâche pour construire les outils de lutte de la classe ouvrière et de tous et toutes les prolétaires.

⦁       Troisièmement, confronter avec fermeté et abnégation toute tentative de briser l’unité du peuple et toute surenchère autour des contradictions secondaires qui existent en son sein et rejeter les conditions pré-requises entre les forces militantes et qui sont des obstacles devant l’action unie pour le changement qui sert les intérêts du peuple.

⦁       Quatrièmement, intensifier la lutte unifiée contre le régime du makhzen qui se dresse comme un obstacle contre tout changement susceptible d’apporter des changements au service du peuple marocain et qui exige, entre autres conditions, une constitution élaborée par une assemblée constituante qui représente le peuple marocain et qui reconnaît le pouvoir et la souveraineté du peuple.